mercredi 11 juin Temple de la Madeleine
20h00

150e anniversaire de la naissance de Maurice Ravel
Pierre Fouchenneret
François Salque
Audrey Vigoureux

Classique

Maurice Ravel
Pavane pour une infante défunte

Ludwig van Beethoven
Trio avec piano n°5 en ré majeur, opus 70 n° 1 (dit « Geister Trio ”)

Maurice Ravel
Trio avec piano en la mineur, M.67

Pierre Fouchenneret violon

François Salque violoncelle

Audrey Vigoureux piano

Nous fêtons cette année le 150e anniversaire de Maurice Ravel. En hommage à cet immense compositeur, Pierre Fouchenneret, François Salque et Audrey Vigoureux, réunis tant par l’amitié que par une affinité musicale authentique, ont choisi de jouer son Trio, et de le juxtaposer au «Geister» Trio de Beethoven.
En ouverture, la «Pavane pour une infante défunte», œuvre de jeunesse de Ravel, fut partiellement désavouée par son auteur pour sa «pauvreté», mais probablement autant par pudeur que par exigence d’écriture. Cette musique, dans laquelle nostalgie et mélancolie
se répondent jusqu’à se confondre, fait entendre plusieurs fois une mélodie mystérieusement intemporelle, semblant presque avoir prééxisté à sa composition. Du mystère encore avec le «Geister Trio» (trio des esprits) de Beethoven. Ce surnom pourrait lui avoir été donné en raison de l’instrumentation étrange et de l’ambiance lugubre du deuxième mouvement.

Peut-être lui aurait-il été prêté quand on a découvert que le thème de ce mouvement était initialement destiné à une scène de sorcières dans l’opéra MacBeth, que le compositeur projetait alors. Au-delà de ces anectodes, il s’agit d’un chef-d’œuvre de Beethoven, et du répertoire pour trio. Celui de Ravel semble une démonstration en condensé de l’art du compositeur. Le premier mouvement se base sur un thème basque et son rythme caractéristique («exotisme» ravelien particulièrement signifiant puisque le compositeur était originaire du pays basque). Il fait entendre la temporalité si ravélienne, tendue entre contrastes audacieux (la pulsion de vie?) et aspiration à la contemplation (la transcendance?). Pantoum, évocation de l’art poétique malais, est un joyau de fantaisie et d’écriture contrapuntique ravelienne, qui superpose non-seulement des thèmes différents, mais harmonise de façon ludique leurs temporalités distinctes. La gravité de la Passacaille sonne comme un rappel au sérieux de la raison. Mais – c’est souvent le cas chez Ravel – une forme est le prétexte obligé à l’expression de passions extrêmes. Enfin, le dernier mouvement explose littéralement dans la lumière et la virtuosité, se jouant des limites expressives des trois instruments et culminant dans une «jouissance» au-delà de l’érotisme. Quand Henri Miller reprochait à Ravel de ne pas aller jusqu’au boût, il mécomprenait qu’il est impossible d’aller plus loin.

Pierre Fouchenneret est un violoniste niçois dont l’engagement touche autant ses activités de soliste et de chambriste. Il est reconnu pour son audace et sa vision du répertoire, et on a pu l’entendre notamment avec des orchestres tels que l’orchestre de la Suisse Romande, l’orchestre National de Bordeaux Aquitaine, le Philharmonique de Strasbourg ou encore l’orchestre symphonique de la Radio-télévision Irlandaise…

Dans la continuité de ces collaborations, Pierre partage la direction artistique de l’orchestre Ostinato qui soutient l’émergence par l’insertion professionnelle de jeunes talents issus des meilleurs conservatoires. Cette expérience plurielle et exigeante trouve un écho dans ses activités d’enseignant à la Haute Ecole de Musique Genève-Neuchâtel, où il occupe actuellement un poste de professeur de violon.

Ce sont des rencontres marquantes qui conduisent naturellement Pierre à la pédagogie. Enfant prodige, Pierre Fouchenneret commence ses études au Conservatoire à rayonnement régional de Nice dans la classe de Alain Babouchian et les termine à 16 ans au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris en musique de chambre et en violon dans les classes de Daria Hovora et Olivier Charlier, dont il deviendra l’assistant. Au sortir de ses études, de nombreuses distinctions engagent immédiatement Pierre vers une intense activité de concertiste.

Invité sur les scènes du monde entier, l’« archet hors norme » (Le Figaro) de Pierre Fouchenneret est rapidement amené à jouer avec des musiciens d’exception avec qui se tissent des projets pharaoniques. Il fonde le quatuor Strada avec qui il partage de nombreuses entreprises par lesquelles naissent des intégrales : celle de la musique de Brahms en douze albums (BRecords), celle des sonates pour piano et violon de Beethoven (Aparte), celle de la musique de Robert Schumann (BRecords), comprenant elle aussi le concerto pour violon, et celle de la musique de chambre de Gabriel Fauré (Aparte) ainsi que du rare concerto pour violon qu’il interprète avec l’orchestre symphonique de la radio-télévision irlandaise, à paraître chez Naxos.

Diplômé de l’université de Yale et du Conservatoire de Paris, François Salque est, très jeune, primé dans les concours internationaux (Genève, Tchaïkovsky, Munich, Rostropovitch, Rose…).  « La sensibilité et la noblesse de son jeu » alliés à « un charisme et une virtuosité exceptionnelle » (Pierre Boulez) lui permet de remporter pas moins de dix premiers Prix et autant de Prix spéciaux.

Ses concerts l’ont déjà mené dans plus de soixante-dix pays et ses disques en soliste et en musique de chambre en compagnie de Paul Meyer, Emmanuel Pahud, Eric Le Sage ou Alexandre Tharaud ont été salués par la presse (Diapasons d’Or de l’année, Chocs du Monde de la Musique, 10 de Répertoire, Prix de l’académie Charles Cros, Victoires de la Musique, Palme d’Or de la BBC…). François Salque signe également sept disques remarqués avec le quatuor Ysaÿe dont il a été pendant cinq ans le violoncelliste.

Son engagement pour la musique de notre temps lui a valu de nombreuses dédicaces de compositeurs contemporains, notamment de Thierry Escaich, Karol Beffa, Nicolas Bacri, Jean-François Zygel, Jean-Frédéric Neuburger, Krystof Maratka ou Bruno Mantovani.

Il est également à l’origine de nombreuses créations, mêlant inspirations contemporaines et musiques traditionnelles et enregistre deux albums particulièrement originaux en duo avec l’accordéoniste de jazz Vincent Peirani. Sa profondeur musicale, sa technique et son éclectisme en ont fait une personnalité incontournable du monde de la musique.

François Salque enseigne aujourd’hui le violoncelle à la Haute École de musique de Lausanne et la musique de chambre au Conservatoire de Paris.

Née en 1981, à Aix-en-Provence, Audrey Vigoureux commence le piano au conservatoire de sa ville natale, et en sortira avec une médaille d’or, à l’âge de 15 ans. Elle se perfectionne ensuite au CNR de Nice auprès de Odile Poisson, puis est reçue à l’unanimité au CNSM de Paris et à la HEM de Genève. Audrey poursuit donc parallèlement ses études à Genève et à Paris, dans les classes de Sébastien Risler et de Jacques Rouvier. Au CNSM, elle étudie aussi la musique de chambre avec Christian Ivaldi, Jean Mouillère et Itamar Golan.

Elle termine ses études à Paris avec un premier prix de piano mention très bien, un premier prix de musique de chambre, le diplôme de formation supérieur, et obtient à Genève, un diplôme de soliste avec distinction, le prix Adolph Neumann de la ville de Genève, le prix Dumont et le prix Filipinetti.

Lauréate de nombreux concours, elle reçoit le prix de la fondation De Agostini, le premier prix Yamaha Europa, le prix de la fondation Kiefer-Hablitzel, et est lauréate de la Ernst Goehner Stiftung.

Elle enrichit son jeu en recevant les conseils de grands maîtres tels que Andreas Schiff, Charles Rosen, Bella Davidovitch, Joseph Kalinschtein, Dominique Merlet, Jean-Claude Pennetier…

Depuis son plus jeune âge, Audrey est invitée à se produire en récital ou en soliste avec orchestre en Europe, en Asie et en Amérique, notamment au Menuhin Festival de Gstaad,au festival Label Suisse, au Verbier Festival et Academy, à la Cité de la Musique de Paris, au BFM et au Victoria Hall de Genève, à l’Abbaye de Royaumont, à l’Auditorium Stravinsky de Montreux, au Grand Théâtre National de Pékin, à l’Oriental Art Center de Shanghai, au M-Theater de Bangkok, au Festival International de Merida, Vénézuela, au NCPA de Bombay etc.

Elle joue avec l’Orchestre de la Suisse Romande sous la direction de Pinchas Steinberg, l’Orchestre Régional de Cannes, l’Orchestre National de Montpellier, l’Orchestre des jeunes de « El Sistema » au Vénézuela, et des artistes tels que David Fray, Jacques Rouvier, Miguel Da Silva, Edgar Moreau, Domingo Hindoyan, Alissa Margulis, David Kadouch, Sarah Nemtanu, Pierre Bleuse, Fabrizio Chiovetta, le Quatuor Terpsycordes…

En 2013, elle donne l’intégrale des concertos pour 2, 3 et 4 claviers de Bach, avec David Fray, Jacques Rouvier, Emmanuel Christien et l’Orchestre National de Montpellier.

Son disque solo Bach/Beethoven sorti en Avril 2015, enregistré sous la direction de Nicolas Bartholomée pour le label Evidence Classic, est salué par la critique de manière unanime:

“Audrey Vigoureux impose d’emblée un style, un son, une personnalité. C’est si rare. Son premier enregistrement est un petit miracle de délicatesse.”
Le Temps

“Audrey Vigoureux fait ses débuts en studio avec un album bluffant de maturité.”
La Tribune de Genève.

“Une indéniable musicienne”
Diapason

“Un enregistrement particulièrement captivant du début à la fin.”
Pianobleu

“Audrey Vigoureux suit son chemin de façon déterminée, certes, mais en conservant ce geste joyeux qui signe les étoiles.”
Mediapart

“This French pianist has a very individual sound. Her touch is light and expressive, and her Bach has great charm; the dynamics and tempos in her Beethoven sonatas are perectly judged, as is the tone.”
BBC Music Magazine

“Madame Vigoureux ist eine Entdeckung !”
ndr.de

Elle tisse également des liens avec des musiciens d’horizons différents (jazz, electronique) et dans cette perspective d’enrichissement et de « décloisonnement », crée en 2010 à Genève, le Festival “Les Athénéennes”.

Audrey Vigoureux enseigne le piano à la Haute Ecole de Musique de Genève.

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